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22 05 2020
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Julien Chevalier : « Se tenir prêt en cas de reprise »

Comment se passe cette période de confinement sur le continent africain ?

Elle se poursuit malgré le fait que les restrictions diminuent progressivement. Pour nous acteurs du football, l’activité est à l’arrêt. Très vite, il a fallu choisir entre rester en Côte d’Ivoire ou rentrer en France bien qu’ici, avec le faible nombre de cas, nous n’avions pas totalement la même inquiétude face au problème. J’ai fait le choix de rester car un entraîneur ne peut pas « abandonner » ses troupes. Ensuite, les frontières ont été rapidement fermées pour limiter la propagation du virus. La situation Afrique aura d’ailleurs peut être permis à de nombreux pays de mieux se prémunir face au danger est perturbante et on se retrouve un peu en décalage avec les personnes qui continuent de travailler car il n’y a pas eu de confinement total ici. L’arrivée plus tardive du virus en.

Pour les expatriés, cela a aussi mis le doute sur la « nécessité » de rentrer au pays rejoindre nos proches. Les conditions pour le faire étant vite réduites et conditionnées à des cas prioritaires. Voyager pouvait aussi signifier transporter le virus et c’est quelque chose que l’on se devait de prendre en compte. Paradoxalement, les incertitudes relayées par les médias en France sur les limites de la capacité médicale en Afrique ou le risque plus élevé de pandémie étaient contrebalancées par les tergiversations sanitaires en France. La position par rapport à des médicaments « africains » ou les effets possibles de la chaleur sur le virus interroge sur le meilleur endroit où se trouver durant cette période d’expansion du COVID.

Et le football, où en est-il exactement ?

À l’image de l’Europe et du reste du monde, des réflexions sont menées concernant les risques sanitaires et une potentielle reprise. Certaines donnent de l’espoir à une issue positive, d’autres non. Cette incertitude n’est pas aisée mais nous devons nous tenir prêts en cas de reprise et donc maintenir les joueurs en éveil et concernés. Notre dernier match remonte au 15 mars et nous avons été forcés de ne plus nous rassembler depuis. Chaque pays doit aussi tenir compte de ses capacités d’organisation par rapport au risque. Ici par exemple, il est impossible de mettre en place le protocole allemand. Notre « chance » est que le confinement soit assez souple pour maintenir une activité sportive individuelle. À l’inverse, la précarité économique du football local fait que les capacités financières des clubs sont mises à mal et ces difficultés peuvent influer sur le moral des joueurs.

« L’atout du football local réside dans l’important réservoir de joueurs à potentiel qu’offre la jeunesse du pays, passionnée de football. »

Pouvez-vous tout de même mettre à profit ce confinement au niveau du football ?

L’isolement et les incertitudes impactent le moral. Nous ne sommes pas habitués à ces plages d’inactivité, d’autant que travaillons plutôt 12 heures par jour en temps normal. Nous exerçons un métier où même pendant les plages de récupération des joueurs, le staff analyse, anticipe et prépare. Là, c’est perturbant de ne pas pouvoir se projeter concrètement. Difficile donc d’envisager la suite pour le moment. Malgré tout, cela donne un peu de repos… forcé. On en profite pour se documenter et mener une réflexion plus personnelle tout en pensant aussi à la préparation de la saison prochaine sans savoir si celle en cours pourra aller à son terme et maîtriser les conséquences, alors que nous sommes encore en course pour espérer obtenir le titre.

Comment voyez-vous le football à court et moyen terme en Côte d’Ivoire ?

Beaucoup d’incertitudes planent sur la tenue de la fin de cette saison déjà, tant au niveau de la capacité de relance que des conditions à mettre en œuvre. Les décisions ont déjà été repoussées deux fois. À plus long-terme, on peut se demander quel impact aura réellement cette crise, surtout que les partenaires et investisseurs potentiels auront probablement été touchés. Localement, le foot n’est pas prioritaire car les moyens sont souvent d’abord orientés vers l’équipe nationale. Cependant, le niveau du championnat semblait s’être nivelé ces dernières saisons. L’écart entre les équipes s’est réduit. L’atout des clubs réside dans l’important réservoir de joueurs à potentiel qu’offre la jeunesse du pays, passionnée de football. Chacun arrive à dénicher de bons joueurs. Mais il est très difficile de les conserver ou de les réunir au sein d’une même entité. La limite économique les incite à s’expatrier très vite vers des championnats plus rémunérateurs.

Pour le moment, il faut d’abord espérer un retour à la normale, permettant la reprise des compétitions en toute sécurité. Ensuite, il faudra aviser en fonction de la relance économique du pays. Mais, la Côte d’Ivoire reste une place importante en Afrique de l’Ouest et elle a, malheureusement, l’habitude de se relever de moments délicats, après plusieurs crises politiques. Cette fois-ci, le pays n’affronte pas la crise seul. Le monde entier est touché et doit chercher les moyens de se relever.



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